Les cas explosent, les médias s’emballent, et pendant ce temps-là, la Réunion, la Guyane, la Martinique lèvent un sourcil : « Bienvenue au club ». La France découvre le chikungunya comme elle découvre qu’il existe une vie au-delà du périph’. Bravo.
Tiens, voilà que Science & Vie nous alerte : la France entre en état d’alerte sanitaire face à une recrudescence « jamais vue » de chikungunya. Ah bon ? Jamais vue… sauf si l’on vit dans un DOM depuis les années 2000. Parce que là-bas, les moustiques ne sont pas une alerte, ils sont des colocataires. Indésirables, certes, mais fidèles.
Mais il faut croire que tant que ça gratte à 8 000 km de Paris, c’est une anecdote. Que ça commence à piquer dans le sud de la métropole, et hop ! On dégaine les communiqués d’urgence, les reportages dramatisés, et les cartes rouges clignotantes comme à la météo du malheur.
Moustiques : coupables, mais pas fiscaux
Oui, le moustique tigre transmet une saleté de virus. Oui, ça fait mal aux articulations. Mais au moins, il ne t’envoie pas une lettre des impôts en prime.
Pas de majoration à 10 %, pas de rattrapage sur 3 ans, pas de mise à jour rétroactive de ta déclaration CAF. Il vient, il pique, il repart. Pas besoin d’un cabinet de conseil pour gérer la stratégie.
Franchement, dans la grande famille des nuisibles nationaux, celui-ci serait presque poétique. Comparé à ceux qui te ponctionnent chaque mois sous prétexte de solidarité pendant qu’ils débattent de l’urgence climatique entre deux homards, le moustique, c’est un artisan.
Une infection sélective… géographiquement parlant
On a quand même une pensée émue pour les départements d’outre-mer, ces territoires français uniquement considérés lorsqu’un variant ou un cyclone décide de faire sa promo.
Chikungunya ? Ils l’ont depuis des lustres. Des hôpitaux débordés, des campagnes de prévention bâclées, des budgets sanitaires version échantillon. Mais tant que ça reste « exotique », on en parle avec l’élan d’un ministre en visite protocolaire : rapidement et sans y toucher.
Et là, tout d’un coup, parce que les moustiques remontent le Rhône, c’est panique sur la Croisette. On redécouvre l’épidémie… et l’existence de territoires qui votent eux aussi aux élections.
Le vrai virus, c’est l’indifférence métropolitaine
Ce n’est pas la première fois qu’une alerte sanitaire devient une info que lorsqu’elle menace le rosé piscine des vacances d’été. On avait déjà vu ça avec la dengue, la variole du singe, la leptospirose, le Zika… Liste non exhaustive de maladies qu’on ignore joyeusement tant qu’elles ne traversent pas la Méditerranée… et qu’elles ne rapportent pas des millions à big Pharma !
Mais bon, les moustiques ne siègent pas au Conseil d’État, ne financent pas les campagnes, et ne participent pas aux dîners mondains. Ils ne coûtent rien, ne promettent rien, et surtout — luxe ultime — ils ne facturent pas leur incompétence.
Moralité : pique qui veut, ponctionne qui peut
Alors oui, protégez-vous. Mettez du répulsif, videz les coupelles, évitez les zones infestées. Mais gardez une chose en tête : les piqûres qui font vraiment mal ne viennent pas toujours d’un insecte.