On y est.
La Belgique envoie 149 000 lettres à tous les jeunes de 17 ans pour les “sensibiliser” à la Défense et les inviter à une année de service militaire volontaire. On appelle ça une “opportunité unique”. Les communicants appellent ça du “recrutement”. Les stratèges appellent ça de la “préparation culturelle à la conscription”.
Les parents, eux, vont découvrir que leur gamin reçoit une lettre du ministère pour lui proposer un treillis plutôt qu’un taf. Allons-y.
149 000 lettres, zéro hasard : bienvenue dans le marketing militaire de masse
Les faits (oui, ils existent encore) :
- Le ministère de la Défense belge a envoyé 149 000 courriers aux jeunes de 17 ans pour promouvoir une année de service militaire volontaire. 9source : RTL)
- Objectif officiel : “engagement citoyen”, “discipline”, “expérience formatrice”.
- Objectif réel ? Tester jusqu’où on peut habituer une génération entière à recevoir une invitation militaire dans sa boîte aux lettres sans déclencher d’émeute.
Cerise sur le camouflage : la lettre est signée politiquement au sommet et présentée comme un simple appel à la réflexion. Pas de pression. Juste l’État qui écrit directement à ton môme mineur pour lui proposer un futur en kaki pendant que toi tu reçois des pubs pour des panneaux solaires.
“Volontaire”, comme ces choix où tout est fait pour t’orienter dans une seule direction
“Service volontaire”.
On adore ce mot. Il sent bon le libre arbitre sous surveillance.
On ne parle pas de lettre d’info neutre laissée avec les brochures d’orientation.
On parle d’un envoi ciblé, massif, national, qui positionne l’armée comme l’horizon naturel d’un jeune en quête de sens, d’argent ou de stabilité.
Et pendant que ça fanfaronne sur X avec des “Allons-y !”, d’autres relèvent un léger détail :
- Des critiques dénoncent une militarisation rampante de la jeunesse et l’usage des données personnelles des mineurs à des fins de recrutement. (source : Service Citoyen)
- Le Conseil d’État lui-même a tiqué sur la première version du projet, jugée problématique sur le plan légal et disproportionnée. (source : ptb.be)
Mais rassurez-vous, tout est “encadré”. Comme toujours. Jusqu’au prochain conflit.
Ciblage générationnel : quand l’État teste ton enfant comme on teste une campagne pub
Ce courrier, c’est :
- Du profilage générationnel : 17 ans, âge parfait, encore influençable, pas encore complètement dégoûté du système.
- Du storytelling géopolitique : le monde est dangereux, tu veux être utile, tu veux une vraie expérience, mets un uniforme.
- Du placement produit étatique : logement, salaire, cadre, camaraderie… On vend l’armée comme un Erasmus sous fusil.
Vous imaginez la même énergie pour inviter 149 000 jeunes à devenir infirmiers, profs, agriculteurs, ingénieurs, soignants ?
Non, parce que ceux-là ne servent pas directement dans les tableaux stratégiques de l’OTAN.
Madame-Raleuse.com résume pour les distraits
- 149 000 jeunes reçoivent une lettre pro-militaire : ce n’est pas une infolettre, c’est un message politique ciblé.
- On prépare les esprits à considérer l’engagement militaire comme solution “normale” à la crise, au chaos, au manque de perspectives.
- Ceux qui dénoncent une dérive sont traités comme des paranos, jusqu’au jour où “volontaire” deviendra “évident”, puis “souhaitable”, puis… “nécessaire”.
On ne dit pas que la Belgique a rétabli la conscription.
On dit qu’elle a commencé par l’habillage marketing.
Comme toujours.