Emmanuel Macron a finalement signé la loi Duplomb ce mardi 12 août. (source : BFMTV) Certes, le Conseil constitutionnel a sorti les ciseaux pour censurer la mesure la plus controversée — le retour de l’acétamipride, pesticide de la famille des néonicotinoïdes. Mais ne vous y trompez pas : le reste du texte est toujours bien là, prêt à servir les gros élevages et les stockages d’eau géants comme s’il n’y avait pas de lendemain… ni de nappe phréatique.
Le grand ménage… sélectif
Oui, la réintroduction du pesticide a sauté. Non, cela ne veut pas dire que la loi a perdu son essence. Les “Sages” ont validé les simplifications administratives pour les plus gros élevages, l’agrandissement des bâtiments de porcs et de volailles, et la construction d’ouvrages de stockage d’eau “à finalité agricole”. Traduction : un tapis rouge administratif pour les exploitations XXL.
Le peuple ? Écouté… mais jamais entendu
Plus de 2,1 millions de signatures contre la loi, un front uni de scientifiques, d’associations et de citoyens, et même une censure partielle du Conseil constitutionnel : tout cela n’aura pas suffi à changer la trajectoire. Une fois encore, la consultation ressemble à un rituel décoratif, et la décision finale se prend loin des pétitions et des pancartes.
La biodiversité ? Un détail technique
Le Conseil constitutionnel rappelle pourtant que les néonicotinoïdes sont nocifs pour les insectes pollinisateurs, les oiseaux… et qu’ils représentent un risque pour la santé humaine. Mais visiblement, entre protéger les abeilles et simplifier la vie des gros exploitants, le choix est vite fait. Après tout, qui a besoin de pollinisateurs quand on peut importer des fruits calibrés d’Espagne et du Brésil ?
Le Parlement ? Pas besoin, merci
Macron ne repassera pas par la case “nouveau vote”. Dès la décision des Sages, il a annoncé qu’il promulguerait rapidement la loi, histoire de boucler le dossier avant que les opposants n’aient le temps de rafraîchir leur pétition à plus de 2,1 millions de signatures.
Un texte pour qui ?
Les agriculteurs qui réclamaient le retour de l’acétamipride repartent bredouilles, mais les filières intensives sortent largement gagnantes. Et pendant que certains se félicitent d’avoir “sauvé” un peu de biodiversité, d’autres savourent une victoire bien plus discrète : celle d’un modèle agricole toujours plus industrialisé, où la nature doit s’adapter aux besoins de production… ou disparaître.