Ce devait être un marché de Noël comme les autres, avec ses odeurs de vin chaud et ses guirlandes lumineuses. Mais à Magdebourg, le 20 décembre 2024, la fête vire au cauchemar : un terroriste fonce dans la foule.
Parmi les victimes, Andres Gleißner, 9 ans, tué sur place. Sa mère, Désirée Gleißner, voit sa vie s’effondrer.
Et comme si perdre son enfant ne suffisait pas, elle découvre la deuxième lame : l’abandon total des autorités.
Onze jours sans pouvoir revoir leur fils
Onze jours après l’attentat, la famille n’avait toujours pas eu accès au corps. Pas à cause d’un problème technique, mais de procédures judiciaires interminables.
Résultat : le deuil devient un parcours du combattant administratif. Et dans ce parcours, il n’y a ni psychologue mandaté par l’État, ni cellule de crise gouvernementale… juste un formulaire type du service d’Opferschutz. Avec une signature imprimée, comme pour renouveler une carte de bibliothèque.
Un tueur déjà connu, mais toujours libre
Ce qui alimente la colère, c’est que l’auteur de l’attaque était déjà fiché comme terroriste. La police le savait, mais rien n’a été fait pour l’empêcher d’agir.
Quand le danger est identifié mais qu’on préfère attendre la catastrophe, on ne parle plus de malchance : on parle de négligence institutionnelle.
La bureaucratie comme double peine
Désirée Gleißner et ses proches racontent avoir dû menacer de prendre un avocat pour que les choses avancent. Et même là, on leur annonce encore un délai supplémentaire avant de savoir s’ils pourront voir Andres.
Parce que dans ce pays, même après un attentat, il faut que le tampon administratif passe avant le cœur.
Une colère transformée en appel à la nation
Exaspérés, ils se tournent vers les réseaux sociaux. Dans une vidéo devenue virale, ils dénoncaient l’inaction et l’inhumanité de l’État, et appellaient les citoyens à relayer leur message « jusqu’aux plus hautes instances ».
« Nous ne nous tairons pas », disent-ils. Et vu la mobilisation en ligne, il semblerait qu’ils n’étaient pas seuls à penser que la bureaucratie allemande a raté une occasion de faire preuve d’humanité.
Et après janvier 2025 ? Le néant
Les derniers articles de presse datent du tout début janvier, quand le corps a finalement pu être récupéré. Depuis, silence radio :
- Aucun suivi officiel annoncé
- Aucune mesure de soutien psychologique rapportée
- Aucune responsabilité politique assumée
Bref, l’oubli administratif a repris ses droits. Parce que dans le cycle médiatique, les victimes d’hier sont déjà remplacées par les gros titres d’aujourd’hui.
Une leçon amère
Cette affaire n’est pas qu’un drame familial. C’est une démonstration parfaite que, face aux tragédies, l’État peut se montrer aussi réactif qu’un fax en panne.
On gère les victimes comme des dossiers, on remplace la chaleur humaine par des signatures numériques, et on s’étonne ensuite que la colère monte.